Carnet de route

Mont Vélan à ski 5-6 avril 2025

Le 10/04/2025 par Costa Andrea Primo

Participants : Laurent Hesse, Laurent Calvignac, Laurent Riandey, Julien Simonnot, Andrea Primo Costa et Mehmet

 

On pars de Metz le vendredi soir et arrivons vers 22h30 au F1 de Pontarlier.

Après une nuit de repos et prêts à atteindre la première étape, on arrive à Bourg Saint Pierre, et après quelques virages, on laisse les voitures pour commencer cet aventure. (+/- 1900 m)

 

Sac à dos (et skis) sur l'épaule et c'est parti. Il n'y a pas de neige et on marche pendant environ une heure et demie, puis nous mettons enfin les skis aux pieds et commençons à glisser lentement vers le refuge. La journée est belle, chaude et peu venteuse. J'ai plus de mal que je ne l'aurais imaginé, mais j'arrive moi aussi à la Cabane du Vélan à 2642 mètres, avec les autres qui m'attendaient pour commander une bière bien méritée.

Quelques mots pour nous connaitre un peu plus, quelques exercices pour bien nous encorder le lendemain et c'est l'heure du dîner (18h30).

Après l'effort, un plat chaud et copieux remplit nos estomacs et, alors que le soleil se couche, on peut voir les chaînes de montagnes qui nous entourent, un spectacle qui vaut la peine d'être admiré en silence devant une gorgée de grappa apportée par Julien. 

 

La nuit tombe, on dort (pour ce qu'on peut dormir à 2600 mètres).

Réveil à 5 heures, on descend pour le petit-déjeuner, plein d'énergie et de force, et sans trop parler, frontale allumée, on part vers le sommet du Mont Vélan. Dans l'obscurité et sans soleil, on monte bien, malgré l'air de plus en plus raréfié. Une fois arrivés au col de la Gouille, nous enlevons nos skis, les mettons en portage, on s’attache, on prends le piolet et on. mets les crampons.

Nous commençons à grimper sur la roche et la neige, à l'aide de marches et de cordes, nous atteignons le col et descendons de l'autre côté, une belle montée d'adrénaline. 

On est finalement sur le glacier et nous remettons enfin nos skis. Les formes du glacier se révèlent dans toute leur splendeur, et petit è petit on monts. Le soleil plus chaud, l’altitude dépasse facilement les 3000 et il devient difficile de monter. Entre une vue à couper le souffle et une inévitable histoire de Mehmet (qui a probablement un poumon en plus), on atteinte finalement le sommet à 3731 mètres, satisfaits de la belle fatigue qui en valait la peine.

 

On prend quelques photos et on observe toute la chaîne des Alpes, le Mont Blanc, le Mont Rose (qui me rappelle chez moi) et le Cervin, parmi les plus reconnaissables.

 

Alors que nous nous apprêtons à descendre, je dis à Laurent Hesse : « Merci pour la sortie, c'est magnifique ». Il me regarde et me dit : « Ce n'est pas encore fini » et, effectivement, il avait bien raison.

 

On commence à descendre du premier point avec de la neige un peu gelée et une pente d'environ 40 degrés et nous nous en sortons bien. Plus loin, la neige devient plus douce, belle et amusante et nous commençons à prendre goût et à vraiment nous amuser. Nous arrivons ensuite à la partie la plus compliquée dans un couloir. Laurent Riandey, Julien et après Mehmet partent. C’est mon moment. C’est raide, mais amusant et on descend doucement.

À un moment donné, la pointe du ski passe sous la neige et je tombe soudainement en avant, je perds mes lunettes et je commence à rouler sur quelques mètres, renversant même une femme devant moi. Je m'arrête après un moment en état de choc, j'ai mal à la jambe droite et les gens commencent à me demander comment je vais, à part la femme qui m'a probablement insulté. Je n'écoute pas, la seule chose que je sentais était ma respiration et je commence à ressentir une douleur lancinante dans la jambe. La première chose que je voudrais faire est de me relever, mais je n'y arrive pas, je n'arrive pas à forcer sur mon pied droit.

Les minutes passent et je comprends qu'il vaut mieux se déplacer et rejoindre ceux qui sont déjà descendus. Avec tout le poids sur mon pied gauche, je continue à skier quelques mètres en sortant de la partie raide. J'essaie de tourner, en mettant le poids sur mon pied droit, et la douleur est forte, je ne peux plus skier. Je m'assois et on réfléchi à ce qu'il faut faire. Laurent Hesse me demande : « Que veux-tu faire ? Appeler l'hélicoptère ? J'y réfléchis et je réponds « je ne pense pas », d'un ton incertain. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas skier, j'essaie de marcher jusqu'à ce que j'atteigne les autres qui, entre-temps, ont descendu une centaine de mètres. Je me sentais comme le premier homme sur la lune alors qu'il s'apprêtait à faire ses premiers pas, seulement avec une douleur qui ne me lâchait même pas en marchant.

 

J'arrive au point et ils évaluent ce qu'il faut faire. Les 3 Laurent, chacun à sa manière, m'aident à mieux comprendre comment je vais, ce que nous pouvons faire et quelles sont les options ; Julien et Mehmet dédramatisent avec leur sympathie et allègent ma préoccupation que je vivais. Finalement, après en avoir discuté, la meilleure option était de prendre des médicaments contre la douleur, de tenir bon et d'essayer de descendre principalement avec le pied qui fonctionnait. Je ne pensais pas que cela pouvait fonctionner, mais après quelques centaines de mètres de descente et probablement l'action des médicaments, la douleur commence à être presque supportable et d'une manière ou d'une autre, on descends.

Un soupir de soulagement et il ne reste plus qu'une heure et demie de marche d'approche à faire. La flexion du pied me fait encore plus mal, mais je fais presque semblant de rien et nous marchons jusqu'à la voiture, où je m'assois par terre et reprends mon souffle en enlevant enfin mes chaussures et toutes les couches de vêtements.

 

On s’arrête pour prendre une bière (encore plus méritée) à Bourg-Saint-Pierre et on est tous contents que on est bien arrivés on est arrivés en aval.

Nous reprenons la voiture et vers une heure du matin nous sommes de retour à Metz.

 

Je tenais à remercier les encadrants ainsi que Julien et Mehmet pour leur soutien physique et mental et pour la façon dont, avec beaucoup de calme, ils ont compris la situation et m'ont mis à l'aise, même si je n'étais probablement pas encore complètement lucide après le choc.

Ce n'était pas la situation que nous espérions, mais quand on est entouré de personnes bien préparées et gentilles, tout devient plus facile.

 

Je vous laisse avec une phrase en italien:

“Anche una pessima giornata di sci batte una buona giornata in ufficio.”

 

Merci et à la prochaine,

Andrea







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