Carnet de route

Plan "C" comme "Calanques"
Sortie : Tour de la Meije et randos dans les Écrins du 31/03/2022
Le 05/04/2022 par Simon Pligot, Laurent Calvignac et Nathanaël Heron
CR écrit à trois, avec dans l'ordre : Simon, Laurent C et Nathanaël.
Alors qu'il était prévu de faire le tour de la Meije en ski de rando, les conditions d'enneigement nous avait déjà fait modifier notre programme 10 jours avant le départ. Puis à 3 jours de celui-ci, les prévisions météo n'étaient vraiment pas bonnes et nous menaient vers un séjour où l'activité principale aurait été l'attente au refuge. Dimanche soir la décision est donc prise de transformer ce séjour ski de rando en séjour grimpe dans les Calanques.
C'est ainsi que nous partons Laurent C, Laurent H, Vincent, Nathanaël et Simon mercredi soir direction la grande bleue.
Jeudi 31 mars :
Arrivés en milieu de matinée et renseignés par des connaissances locales, nous nous rendons à la falaise de Mallombre située sur le Cap Canaille pour une demi journée de couenne (voies d'une seule longueur) pour reprendre tranquillement contact avec du vrai caillou après une saison de grimpe en salle. C'est aussi l'occasion de mettre à niveau et de vérifier nos connaissances sur les manips qu'il faudra faire dans les grandes voies des prochains jours. A la fin cette après-midi, direction l'auberge de jeunesse de Cassis (La Fontasse) qui sera notre camp de base pour les 5 nuits suivantes. Un confort assez rustique et un peu spartiate qui ne sont pas sans rappeler les conditions que l'on peut avoir en refuge ce qui nous permets de garder un peu le goût du projet d'origine. (Avec la vue sur la mer quand même!)
Vendredi 1er avril :
Un fort mistral est annoncé pour ce jour et le lendemain. Renseignement pris à l'auberge, nous partons vers le plateau de Castelvieil pour une voie de 4 longueur qui devrait être relativement abrité du vent... Mais les Calanques ne se laissent pas apprivoiser si facilement et nous mettrons beaucoup de temps pour trouver le relais sur lequel faire le rappel pour accéder au pied de la voie. Une fois le relais trouvé, la matinée est déjà bien avancée et nous décidons donc de modifier nos plans. Nous pouvons alors prendre le temps de manger face à la mer dans la calanque d'en Vau avant de nous diriger vers le Pilier de la Sans Nom pour 4 longueur d'escalade semi-équipée. L'occasion de découvrir le calcaire des calanques adhérent ou patiné et de se régaler des magnifiques paysages qui nous entourent.
Ça y est, de retour à l'auberge, je laisse le clavier à Laurent C. qui prend la tête pour raconter la suite de ce séjour.
Samedi 2 avril :
Encore du mistral ce samedi. Nous décidons de rester dans la calanque d'En Vau, où nous étions à peu près abrités la veille, et d'aller dans la voie Les Sans Soucis, ouverte en 1940 par Paul Guérin et Gaston Rébuffat. Une belle voie de 4 longueurs, avec un pas assez corsé à cause de la patine au début de la 2e longueur. Après un pique-nique sur la plage, nous nous lançons dans la Passerelle, une voie non équipée en rive droite de la calanque. Des difficultés à trouver l'itinéraire ainsi que l'horaire tardif nous font renoncer dans la 1re longueur et nous rentrons à l'auberge, avec un petit détour par le magnifique belvédère d'En Vau pour certains d'entre nous.
Dimanche 3 avril :
Le vent qui est un peu tombé nous permet de nous lancer dans un itinéraire un peu plus ambitieux. On se lève avant le jour et une très belle marche d'approche de 3 h, un peu technique sur la fin, nous conduit au pied de l'arête est de la Grande Candelle, l'arête de Cassis. Ce sont 8 longueurs d'une belle escalade variée en bon rocher, avec des protections à placer et un panorama à couper le souffle. Derrière nous s'étend la mer, turquoise au bord des falaises et d'un bleu profond au large. À droite la calanque de l'Œil de Verre surplombée par l'impressionnante paroi de la Concave. À gauche la calanque de Morgiou avec au loin l'île Riou et ses satellites. En contrebas, les randonneurs défilent régulièrement mais dans la paroi nous sommes seuls. Quel bonheur !
Je laisse maintenant le soin à Nathanaël de poursuivre et terminer le récit.
Lundi 4 avril :
C'est le premier jour sans aucun vent! Il est 7h, on sort de l'auberge, motivés comme jamais. Notre objectif est clair: se faire la traversée Ramond et ses quelques longueurs dans la journée. Comme la traversée est orientée Nord-ouest et qu'il est 8h, nous entamons le premier rappel du Trou de Canon à l'ombre, l'idée étant de s'acclimater doucement au beau temps et à la chaleur après ces trois jours de Mistral. Les premières longueurs s'enchainent assez facilement (les chaussons sont facultatifs) et pour moi c'est une initiation à la progression simultanée et même une première expérience d'assurage "à la main, corde dans le dos" (en tant qu'assuré) qui rappelle les plus belles heures de l'histoire de l'alpinisme. On arrive à la première difficulté: une belle traversée un peu patinée qui demande de faire un pas au dessus d'un bon vide de 100 m. Ce n'est pas dur techniquement mais pour les premiers de cordée (Laurents C et H), cela demande un peu de mental. Les paysages de folie et les sculptures dans le calcaire s'enchainent et après 1h30, on arrive au pied des deux longueurs en 5b/5b+. Confiant, Simon prend le lead de notre cordée à trois et enchaine sans soucis ces deux jolies voies soutenues mais bien équipée. On l'aura bien mérité ce pique nique au soleil!
L'après-midi, nous décidons de nous lancer dans l'Arête des Garçons de café, une voie pas très dure (5 longueurs / 4c max) mais à équiper entièrement. Pour moi ce sera une première pour l'utilisation de friends et coinceurs. Quel plaisir de choisir son itinéraire, de placer les points de sécurité et de progresser librement sans autre contrainte que de trouver le point de relais et de bonnes prises pour y accéder!
On finira cette belle journée avec une bonne bière en terrasse et surtout sans vent!
Mardi 5 avril :
La journée de lundi sans vent et le beau temps ensoleillé du jour m'ont motivé, nous quittons notre auberge et partons grimper sur du poudingue (agglomérat de galets qui semblent ne pas tenir mais en fait si) dans une petite crique magnifique à La Ciotat. Les voies sont assez faciles et sont cotées généreusement (commercialement diraient certains). Il n'empêche, grimper au soleil et enchainer un 6a légèrement surcoté en tête, ça n'a pas de prix ! L'après midi arrive, nous rentrons à Metz un peu tristes mais ultra motivés pour grimper. La saison d'escalade commence, les sites mosellans n'ont qu'à bien se tenir!
Merci à tous pour votre enthousiasme et votre adaptabilité quel que fut le projet et aussi pour votre participation active à la préparation, aux décisions et à la vie du groupe. Merci à Laurent Hesse et Simon pour votre aide pour l'encadrement.
Laurent C.