Carnet de route

Itinérance en Clarée
Sortie : Itinérance autour de la Clarée du 30/01/2025
Le 07/02/2025 par Simon Pligot
Sur une proposition et organisation de Laurent Hesse nous sommes 6 à avoir eu l'opportunité de participer à cette sortie en itinérance dans la vallée de la Clarée. Encadrée par Laurent Hesse et Laurent Calvignac. C'est ainsi que Nathanaël, Mehmet, Philippe, Julien, Laurent H et moi-même Simon nous retrouvons dans un hôtel Grenoblois pour une courte nuit sur la route, avant de retrouver Khulan et Laurent C. à Névache jeudi matin. Chacun ayant déjà pratiqué itinérance et ski de rando les sacs sont vite prêts (malgré quelques allers-retours de dernière minute dans le coffre de la voiture) et nous voilà partis pour 4 jours d'immersion en montagne.
1er jour, neige et nuage
Nos peaux de phoque glissent sur la neige qui recouvre la route, la neige tombe dans une ambiance hivernale. La douce pente de la route se raidit fortement dans le sentier sous le refuge de Buffère. Après 1h30 de montée nous prenons le temps de pique-niquer au chaud à l'intérieur. C'est l'occasion de faire le point sur ce que nous allons faire l'après-midi. La météo nuageuse et neigeuse ainsi que le BERA enjoignent à la prudence, le choix est donc fait de rejoindre la crête de l'Échaillon par la trace faite et balisée par le refuge de Buffère. Nous montons avec peu de visibilité et l'on ne devine pas du tout notre objectif. Pour ma part ce premier jour en altitude ainsi que l'absence de repères visuels me mettent un peu à mal lors de la montée.
Mais finalement, nous y arrivons enfin sur cette crête ! L'enthousiasme des uns et des autres amène à considérer toutes sortes de prolongations cependant c'est le début de notre séjour et nous préférons entamer la descente. Nous aurons le plaisir que le soleil traverse enfin la brume et nous pourrons tracer nos premiers virages dans de la très belle poudre jusqu'au refuge de Buffère. C'est le grand luxe, nous pouvons prendre une douche après nos 1000 m de D+ et avant de passer à table.
2e jour, soleil et picon bière
Le lendemain tout le monde est prêt à l'heure et nous partons avant le soleil en direction du refuge du Chardonnet. Cette traversée sous le soleil matinal à la limite haute de la forêt est très belle. Le temps est beau tout le monde est en forme, la journée commence bien. Malheureusement la petite descente de 200 m sur le refuge du Chardonnet se révèle piégieuse, on ne devine pas les cailloux cachés et Nathanaël puis Khulan en feront les frais. Pour Nathanaël, un genou touché, sans grosses conséquences mais Khulan se fera une petite entorse à la cheville. Nous parvenons malgré tout au refuge où nous sommes très bien accueillis par la gardienne. Une petite pause permet de se restaurer, de faire le bilan des bobos et de prendre quelques renseignements auprès de la gardienne sur notre objectif principal de la journée.
Repéré de longue date sur la carte, le Pic Ombière est l'objet d'une attraction secrète pour certains d'entre nous. Il faut dire que ses voisins, le col du Raisin et la pointe du Demi, promettent d'étancher toutes les soifs de dénivelé, de découverte et de camaraderie. C'est donc vers cet objectif évident, visible depuis la terrasse du refuge que nous repartons.
La trace est faite en partie, plutôt bonne. La météo change au cours de la montée, le grand et franc soleil se voile mais la visibilité reste bonne. Le vent des derniers jours a dégarni la pente finale et c'est donc à pied que nous gravissons les 50 derniers mètres. Ça y est, sommet du Pic Ombière : tournée générale de sourires ! Le massif des Écrins, juste en face de nous, a la tête dans les nuages, difficile d'identifier les sommets mais voyons le verre à moitié plein : si nous voyons les nuages c'est que nous ne sommes pas dedans ! Nous ne nous attardons pas trop tout de même pour ne pas être pris dans le jour blanc. Nous entamons ensuite la descente du Pic Ombière, avec prudence sur le haut, cette descente se révèle un peu sèche. Les rochers affleurent, il faut skier léger. Pas de gros tracas, en dessous de la pente principale la moitié du groupe file vers le refuge tandis que la deuxième moitié remonte vers le col du Raisin pour une deuxième tournée.
Tout le monde se retrouve en fin d'après-midi à nouveau grand luxe avec un passage à la douche et c'est parti pour le tarot toute la soirée.
3e jour, vent et tempête
Pour ce 3e jour le programme était ambitieux, avec une grande étape pour rejoindre le refuge de Laval sur la journée. Mais la météo venteuse le ciel bouché ainsi que la cheville de Khulan nous imposent de revoir nos choix. Nous redescendons dans la vallée par la forêt et rejoignons Laval par la route. Arrivés à Laval, Khulan doit s’arrêter. Plusieurs itinéraires sont possibles pour cette journée. Nous choisissons de monter vers le col de la Tempête par le sud. Cela représente déjà une belle course de 900 m de de D+ depuis Laval et il est possible de réaliser une boucle en descendant par la combe nord. Nous savons cette option incertaine au vu du BERA, du vent et des indications précises des gardiens. Laurent C. fait la trace, le début est immédiatement raide sous un ciel bâché. Après 250 m l'ambiance change, nous traversons un grand plateau montant sous une lumière irréelle et un vent de plus en plus présent. Pour ce que nous en savons, on se croirait en Arctique. Laurent C. fait toujours la trace, plus nous nous élevons plus le vent est puissant et constant. Finies les conversations, chacun rentre dans sa capuche. Nous croisons un groupe qui a fait demi-tour sous le col, ils nous donnent quelques infos, nous continuons. Le vent, le vent fait rentrer en soi, le seul objectif devient de suivre la trace, faire une conversion, suivre la trace. On pourrait se croire seul au milieu de ce groupe, mais au détour d'une conversion le camarade qui suit ou qui précède a un petit mot ou l'on en a un pour lui et alors on est à nouveau ensemble.
Ça y est le col est là, pas si loin finalement. La descente de l'autre côté ne semble pas être une bonne option, on peut y voir une trace d'avalanche récente et nous ignorons l'état de la suite. 2 skieurs y sont engagés. Laurent C. les observe jusqu'à ce qu'ils quittent la zone critique pendant que chacun fait les manipulations nécessaires pour préparer la descente.
Nous n'avons pas trop trainé, mais ce vent… je ne sens plus mes doigts. On ne voit pas bien les reliefs. Laurent qui ouvre également la descente en perd ses repères et cède sa place à Nathanaël. Et puis finalement, la neige de croutée/cartonnée en haut dans le vent redevient poudreuse, et en même temps que nous perdons de l'altitude le vent perd de sa force. Les conversations reprennent, le refuge est visible, ça y est nous sommes au chaud. Le col de la Tempête est bien loin, bien haut et il aura mérité son nom aujourd'hui.
Pendant ce temps la cheville de Khulan ne s'est pas améliorée et elle préfère donc redescendre pour commencer les soins rapidement. Elle a raison, mais c'est dommage pour nous qui perdons une joueuse de tarot !
4e jour, beauté grandiose
Dernier jour, Laurent H. nous emmène faire le tour de la crête de Moutouze. À priori la course a été très peu faite cette saison. Les gardiens nous avertissent que les pentes en face sud de la pointe des Cerces n'ont pas encore purgé de la saison, nous voilà prévenus, nous serons vigilants. Nous sommes les premiers dehors, départ avant 8h, nous aurons droit au lever de soleil, presque comme l'avait imaginé Nathanaël. Nous quittons très vite la piste de ski nordique pour nous élever dans un versant vierge de toute traces. Laurent H. est devant, Nous longeons les torrents jusqu'à pouvoir les traverser, contournons un raidillon avec intelligence, déjouons les difficultés avec astuce. J'aime être une partie de cette caravane qui dessine une fine ligne sur les pentes. Le temps est clair, le ciel est bleu le soleil nous accompagne jusqu’à notre entrée dans la combe du lac des Béraudes. De là nous plongeons dans l'ombre et sur le lac, jusqu'à une petite épaule où nous prenons une courte pause et pouvons profiter de ce cirque magnifique où nous nous trouvons seuls.
— Et mais au fait Laurent, ce n'est pas juste beau c'est simplement sublime !
Nous repartons ensuite vers le col, les pentes autour de nous se redressent, nous nous regroupons alors en haut. Nous allons passer sous les pentes chargées de la pointe des Cerces, il ne faut pas trop traîner, mais nos encadrants prennent le temps de sortir une corde pour que le premier d'entre eux descende tester la pente, assuré depuis le haut. Le manteau a l'air sain, nous pouvons alors nous élancer chacun notre tour dans les traces du premier pour cette dernière descente. L'ambiance et la neige sont vraiment superbes, ce sont des souvenirs qui serviront lundi matin pour le retour au boulot !
Retour à Laval, nous profitons une dernière fois de la terrasse avant de faire la descente vers Névache entrecoupée de longs plats qu'il faudra parcourir soit en poussant sur les bâtons, soit en skating soit encore en marchant ski sur l'épaule selon l'humeur et l’énergie de chacun.
Ça y est, c'est la fin de ces 4 superbes journées on se sépare la tête pleine de soleil et de poudreuse.
Merci à Laurent pour la proposition, l'organisation et pour la trace!
Merci à mes camarades, pour la fraternité, les rires et la bienveillance.
La vidéo du séjour réalisée par Nathanaël :